Des centaines de milliers de logements vont devoir être rénovés chaque année pour que la consommation d’énergie dans le bâti ait des chances de s’infléchir réellement.
Facile à dire… mais par quoi, par qui commencer ?
L’effort et les coûts sont tels qu’il faut faire des choix. Selon Vincent Legrand, membre de l’association Négawatt, les chiffres doivent parler : « Les logements les plus énergivores sont ceux construits avant 1975. Contrairement à ce que l’on peut croire, ce sont en majorité des maisons individuelles. Trouver les solutions techniques et financières pour s’attaquer à cet immense chantier est une vraie priorité ».
De fait, selon les données de l’Observatoire de l’Energie, la moyenne de la consommation d’énergie pour le chauffage dans les logements tourne autour de 200 kw/h/m2/par an. Mais dans le parc construit avant 1975, elle grimpe à 322 kw/h/m2/par an. Et ce parc représente 16 millions de résidences principales, dont 53 % sont des maisons, 27 % des immeubles de plus de 9 logements et 20 % des immeubles de 2 à 9 logements. En outre et toutes choses égales par ailleurs, la consommation d’énergie des maisons est largement supérieure à celles des immeubles d’habitation.
Selon Olivier Sidler, fondateur du cabinet Enertech et auteur d’une étude essentielle sur les enjeux de la rénovation thermique*, « si l’on pondère par la consommation spécifique de chauffage de chacune des typologies de bâtiments, il apparaît que le poids de la maison individuelle dans la consommation de chauffage des logements d’avant 1975 est de 64,2% et celle des bâtiments de moins de 10 logements de 16,3 %. Les « petits » bâtiments (moins de 10 logements et maisons individuelles) représentent donc plus de 80 % de la consommation de chauffage du parc de logements d’avant 1975. Donc aussi sensiblement 80 % du gisement d’économie. »
Comment procéder et tout d’abord, quels objectifs de performance se fixer ?
Vincent Legrand estime que c’est au plan national qu’il faut tendre vers le « facteur 4 » (le quart des 200 kw/m2/an de moyenne, soit 50), avec donc des écarts possibles selon les régions. « On peut souhaiter une certaine mutualisation en la matière, par exemple 80 à Mulhouse et 30 à Marseille, pour que l’effort financier soit supportable dans les régions froides ». Car cet objectif de 50 suppose une transformation en profondeur du bâtiment.
Second aspect essentiel : la rénovation thermique doit se pratiquer sur le mode du Blitzkrieg plutôt que de la guérilla, donc engager le maximum de moyens tout de suite, plutôt qu’étaler les améliorations dans le temps.
C’est un point que met en avant l’étude du cabinet Enertech. « Le coût d’une rénovation en plusieurs étapes, notamment si les résistances thermiques des parois doivent être renforcées à chaque fois, sera toujours beaucoup plus important que celui d’une rénovation faite en une seule fois. Ensuite, si on mobilise deux, voire trois fois, des entreprises pour faire des travaux que l’on aurait pu faire en une seule fois, cela nécessitera beaucoup plus de main d’oeuvre »… dans un secteur qui rencontre des difficultés chroniques de recrutement.
Effectuer des travaux en une seule fois limite aussi les gênes pour les usagers et surtout facilite une indispensable cohérence.
Par exemple, systématiser la ventilation mécanique lorsque l’étanchéité est satisfaisante, ce qui évitera certains déboires rédhibitoires (pourrissement…) ou encore dimensionner le chauffage en fonction de l’isolation. Ce n’est pas la peine de chauffer l’eau à 90 ° si les pièces sont toutes isolées, mais il est impossible de se limiter à 40 ° lorsque l’isolation n’est que partielle. Les gisements d’économies d’énergie et d’argent sont alors en partie gaspillés.
Pour intervenir massivement, en cohérence et de façon financièrement supportable par les propriétaires, il faut une approche globale, comme le pratiquerait une grande entreprise sur un immeuble.
Source : Newsletter Ecobat